Pêche

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Carrière

Je suis né en 1938. J’ai passé mon certificat d’études à l’école de Laleupuis j'ai intégré le collège technique. J’ai été reçu aux concours d’EDF, de traceur de coques et à d’autres encore. Mes parents ne m’ont pas laissé le choix, il fallait gagner sa vie donc ils m’ont acheté une paire de bottes et un ciré et je suis parti en mer. Je ne leur en veux pas même si je pense que j’avais la capacité intellectuelle de faire autre chose.

 De novice, je suis devenu matelot léger puis matelot. C’est là que je me suis dit que j’allais essayer de faire autre chose. Je suis donc parti au commerce. A l’époque, ce n’était pas l’eldorado. Il fallait passer de longues périodes en mer. J’ai fait un embarquement qui a duré 14 mois à la suite de quoi j’étais très content de revenir chez moi. Ma famille aussi était contente mais au bout de 15 jours, on m’a dit «  quand est-ce que tu t’en vas ? » On avait l’habitude de voir les gens partir… Je suis reparti naviguer.

Je suis ensuite parti faire la guerre d’Algérie. A la fin du conflit, j’ai décidé de retourner à l’école parce que jusqu’à présent, j’étais autodidacte. Je suis allé au cours de lieutenant de pêche, puis j’ai fait le patron de pêche.  Les armateurs avaient besoin de moi parce que j’avais le brevet requis. Ils me disaient de venir comme patron avec eux. Je les prévenais que je n’y connaissais rien.

Honnêtement, ce n’était pas ma tasse de thé. Je ne savais pas travailler au chalut, j’avais beaucoup de lacunes. J’ai appris à travailler sur le Manuel Joël. En conséquence, je n’étais pas très estimé par l’équipage. Il fallait se mettre à leur place, je n’avais fait que 18 mois de navigation à la pêche et on me donnait l’Alysée en commandement ! Le meilleur bateau du port ! J’ai aussi connu, l’Angoumois, le Chassiron, le Nord Caper, le Luc Bernard etc...

Sur l’Angoumois, j’ai rencontré des gens vraiment parfaits avec moi qui m’ont donné ma chance.

Au bout de deux ans, j’en ai eu marre de remplacer les gens l’été quand ils allaient en vacances et j’ai décidé de partir pour réussir à mener une véritable vie de patron. On m’a proposé une place au Maroc, pour commander un thonier senneur et j’ai accepté. J’y ai fait trois campagnes de 4 mois. Il appartenait à la société Lesieur de Casablanca qui était en joint venture avec la société Guelfy. Après le Maroc, j’ai été reçu à un concours pour être instructeur dans les écoles maritimes. Ca m’a beaucoup apporté, même si je n’étais pas formé pour ça, n’ayant pas fait d’études supérieures.

Un jour, j’ai dans le journal Le Marin, « Recherchons des capitaines pour les vedettes de sauvetage ». J’ai déposé ma candidature. Je suis allé passer mon concours à Boulogne. J’ai été reçu ! Comme j’étais classé deuxième du concours national, ils m’ont dit de choisir mon affectation. J’ai demandé La Rochelle. J’ai commandé La Marjolaine pendant 8 ans, puis le Gabian, pendant 12 ans.

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La maison de Théo (Théo Calloch)

Théo, lui, ne dormait pas.

On doublait Chassiron.

Le bosco me montra la pointe de l’île et se confia. « Mon père a fait naufrage ici en 1925 avec le voilier « Sibel ». Il n’y a pas eu de survivant et le gardien du phare qui avait tout vu et qui n’avait rien pu faire est devenu fou. 

Mais les deux grands-pères sont aussi morts en mer. Ma mère faisait des travaux de couture à Groix. Nous étions trois enfants et elle devait toucher quelque chose comme 50 francs par an. Alors à 8 ans, j’ai fait cinq marchés qui nous ont rapporté 100 francs. A 9 ans, on m’a pris comme mousse. Je faisais la cuisine mais je ne pouvais pas porter la marmite tout seul. J’allais à l’école l’hiver et je m’embarquais l’été. C’était dur en ce temps là, vous savez. Les bateaux étaient sales et inconfortables. On n’avait même pas 24 heures de repos à terre entre deux marées. Comme je ne pouvais pas aller à Groix, ma mère me mettait un panier de linge propre dans un café de Lorient. Et puis, je n’ai pas arrêté de naviguer. On ne peut tout de même pas trop se plaindre. J’ai fait construire ma maison. Il faudra venir me voir. »

Plus tard, je suis allé voir Théo, chez lui, à Mireuil entre la Rochelle et la Pallice.

Dans la salle à manger meublée d’acajou, ouvrant ses fenêtres sur le jardin potager et les fleurs, j’au bu un verre de vin blanc sucré. Théo traversait la pièce avec des patins aux pieds pour me montrer les photos de ses enfants. Ce n’était plus le mousse des voiliers de Groix, ni le bosco barbu du Chantaco, mais un père de famille assez fier de la maison qu’il a offert aux siens et dans laquelle, lui, ne fait que passer. « Ça y est, on vire. Vous arrivez ? »

 

On est revenu me réveiller. Il me semblait bien depuis peu que le moteur ne tournait plus  de la même façon. Le chalutier qui roule davantage encore bord sur bord résonne de bruits étranges. C’est le premier coup de chalut. Et je ne peux manquer ça.

Voilà ce que racontait ce troisième homme, Michel Guillet à bord du Chantaco. Mon père quittant Lorient pour venir naviguer à la rochelle avec le patron Marrec, dont la femme tenait le restaurant « le Gripp » à Groix. Il fit plusieurs marées à bord du « Chantaco ». Ce fut son premier chalutier sur la Rochelle, il en fera 10 en tout.

Michel Guillet partit une marée avec mon père et tout l’équipage pour nous raconter la vie en mer, un précieux témoignage 48 ans après !

Tel un hommage à tous ces marins …

                                                                                              Christophe Cordonner

                                                                                          (fils de Eugène Cordonner)

 

 

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Changement d'ambiance

Quand la Delmas a acheté la Havraise, c’est parti tout doucement, c’était plus pareil.

La Havraise, c’était plutôt militaire, les états-majors étaient toujours en galons. On n’a jamais connu ça à la Delmas, on vivait comme si on était en famille.

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Récit

Après cet accident sur l’Angoumois, j’ai arrêté la pêche et j’ai travaillé à l’encan, chez Suire d’abord. J’ai ensuite travaillé chez Monsieur Souchet, à la case 18. On était 8 à travailler : le patron, ses deux filles et 5 employés.  Monsieur...

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