Pêche

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Cases de mareyeurs

 On a emménagé dans nos magasins en 1954, donc huit ans après. Mais avant on est passé par les fameuses cages à lapins. Après, quand il y a eu les 3 pêcheries, il y avait tellement de poissons que les mareyeurs ont été classés en 5 catégories. 

Il y’avait un répartisseur qui répartissait à chaque mareyeur du poisson selon les arrivages. On était des semaines sans rien avoir et des semaines ou on travaillait tous les jours. Ca a duré 1an, 1 an et demi. il s’est formé deux groupements de mareyeurs après il y a eu la séparation, tout le monde a repris son magasin, mais on était encore dans les vieux bâtiments et on avait très peu de place pour travailler, j’aime autant vous le dire.

On a vu se construire la halle à marées de l’encan, on a deménagé progressivement.

Il y’avait une criée, elle se faisait dans le halle de l’ ARPV, parce que c’était beaucoup plus bas, on ne pouvait pas, c’était en construction, on ne pouvait pas accéder, alors on a travaillé là.

Au début, on était 30 à 40 mareyeurs et on a terminé à 80.  Ah oui la période vaste , c’était inimaginable, parce que des cases avaient été construites selon l’ importance , il y’avait les cases de 90m2 , les cases de 45m2 , ils y ‘avaient les cases de 145m2, il y’avait vraiment le choix quoi. Mais il aura fallu attendre pas mal de temps .

 

 

 

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Au rythme des coups de chalut

 Dans le Golfe par exemple, avec le trait de 4 heures c’était rythmé par les coups de chalut, de jour comme de nuit. Comme je vous disais, une fois que le chalut était mis à l’eau, on préparait d’autre matériel, on le réparait si besoin était. Les cuisiniers préparaient le repas, on mangeait, on bavardait un moment, d’autres se reposaient et quand il était l’heure de remonter le filet 4 heures après on recommençait le même cycle, jour et nuit. Alors en Espagne les coups de chalut étaient moins long c’était 1 heure 30. Le fond du Golfe de Gascogne c’est des marches en escaliers. Il fallait que le chalut vienne racler le sol pour trouver le poisson. Par contre dans les endroits sableux, 1 heure 30 après, le poisson était là, Il n’y avait  pas de risque d’accrochage.

J’ai connu quelques patrons de pêche, certains qui ont navigué au Cap Horn, d’autres qui savaient où ils étaient en goûtant la vase. Y’en avait qui ne savait pas lire des cartes du tout, alors ils savaient que pour aller au plateau de Rochebonne il fallait deux heures de cap Nord-Ouest et un autre cap au bout de ces deux heures. A l’instinct tout ça.

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La pêche à la sardine, un texte de Prosper Trocmé

 Au petit jour, jumelles en main le patron scrute I‘horizon à la recherche d'indices pouvant indiquer un endroit poissonneux. Il y a les oiseaux et leur façon d'évoluer, la couleur de I‘eau, un changement de courant. Au vu de tout ceci s'opère la pose des plates. La préparation des bailles est le cauchemar des mousses. Ce mélange d'œuf de morue et de farine a fait vomir plus d'un mousse... La pose des plates ou pinassons se fait. Le platier embarque la strouille et son filet qu'il met à I ‘eau, il revient au vent du filet et se tient au vent du filet. Il prend le vent dans le pavillon de l’oreille et jette la strouille par poignée.

La présence du poisson se décèle pour un œil exercé par I ‘apparition de quelques bulles de bourbouil - le platier dans son pinasson suit l'évolution du poisson, qui peut être plus important d'un côté du filet que de I ‘autre. Quand le poisson se rue sur I ‘appât, on aperçoit le frémissement des lièges supportant le filet ; on dit que le poisson travaille. Le marin jugera de la remontée de son filet, car sa plate peut se retrouver dangereusement chargée. Quel régal pour les yeux que ce filet bleu, chargé de poissons argentés frétillants.

Prosper Trocmé et son père pêchant la sardine dans un pinasson

L'accostage du pour embarquer le poisson est délicat surtout s'il y a de la mer, on embosse l'embarcation par I ‘avant et l'arrière et I ‘on embarque le filet sur une grande serpillière pour éviter que le poisson tombe à l'eau, puis commence le Tamisage, qui consiste à faire tomber le poisson du filet. ll faut prendre une bonne poignée du filet dans la main pour que les mailles soient bien ouvertes, les pécheurs secouent le filet en cadence. La sardine se démaille toute seule. On sort le filet de la filière et on te remet en ordre de pêche, pour pouvoir laver le filet qui est plein d'écailles et de sang du poisson.

Les sardines sont comptées 500 par caisse. Ces casiers sont ensuite lavés I ‘un après I ‘autre au moyen de plusieurs seaux d'eau de mer prélevés avec dextérité le long du bord. La vitesse du navire inflige au bras, qui tient la bosse du seau, une secousse assez rude.

Pour la sardine on ne parle pas de poids mais de Mille, puis en fonction de I ‘heure, du lieu ou de la route on fait route vers la terre pour la vente au détail. C'était le travail de ma mère. Pendant ce temps mon père faisait le tour de la commune avec son vélo et criait à la sardine fraîche à la sans sel, et les clients venaient rue du palais avec leur assiette pour acheter la sardine. Pour nous, mon frère et moi, nous mettions les filets à sécher, on lavait les caisses pour enlever les écailles. Il fallait remettre les filets en ordre de pêche, embarquer tout le matériel pour le prochain départ.

 

Nos filets bleus étaient teints de plusieurs nuances de bleu, on avait à bord du bleu de méthylène pour que le filet soit invisible du poisson. C'était toute une préparation. Avec mon père nous avions le respect de notre métier. Nous ne prenions que les sardines qui rentraient dans les boites, pas les grosses ni les trop petites. Nous vendions les sardines à la douzaine. Maintenant les sardines se vendent aux kilos parce qu'il n'y a pas une sardine de la même grosseur. La réserve de poisson n'est même pas à un dixième de ce qu'elle était en 1945, toutes espèces confondues.

La sardine

La sardine est un poisson difficile à cerner car elle se déplace suivant la salinité et la température de  l’eau. Il a été constaté que les années de disette de 1902 à 1913 et en 1917 étaient dues aux changements de température de I ‘eau devenue trop froide, ce qui amena de longues décennies de quasi disparition de ce poisson, puis d'autres années de pêche fructueuse. Il existe également un problème de reproduction lorsque les sardines composant les bancs qui arrivent du large ne sont pas parvenues à leur entier développement ; elles sont à environ la moitié de leur croissance et n'ont pas encore pris part à la reproduction.

Ces problèmes de non reproduction sont souvent liés à des crises climatiques qui sont quasi-périodiques et polycycliques, leurs périodicités sont semblables à celle de I ‘activité solaire et provoque des fluctuations de la biomasse des océans. Ces poissons comme l'anchois, les sprats et les sardines ne trouvent plus leur nourriture car ce sont des espèces pélagiques. Ces crises reviennent et disparaissent comme elles viennent. 2008 et 2009 sont des années sans naissance de ces Poissons. Les bancs de sardines contiennent des milliards d'individus, ils sont poursuivis dans leurs  déplacements par une foule d'ennemis : les oiseaux des mers, les dauphins, les thons rouges, les maigres, les marsouins. C’est en partie pour se protéger de ces prédateurs que les pêcheurs Bretons ont employé de plus en plus la farine d'arachide faite de cacahuètes pour masquer la sardine aux yeux des prédateurs. On a utilisé cet appât d'un prix réduit d'une façon courante depuis 1875, On a du mal à imaginer de nos jours I ‘importance des flottilles de bateaux ayant pratiqué la pêche à la sardine sur tous les ports du littoral atlantique par le passé.

Il y a eu environ 250 usines à sardines de Douarnenez à ST Jean de Luz  -Aux Sables d'Olonne, il y avait 17 usines en 1950. Un demi-siècle a suffi pour faire évoluer complètement la construction des bateaux. La chaloupe creuse ou la petite pinasse ne sont plus que des souvenirs...

 

Prosper Trocmé, dernier sardinier de l’Ile de Ré

 

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Femme de marin, toute une vie

Un récit de Michèle Gregorieff

 Ce que je voulais dire c’est que l’on parle beaucoup du marin, mais on ne parle pas de la femme du marin elle-même.

Mon mari avait fait déjà deux fois le tour du monde, alors il m’a fait un peu rêver, c’est vrai ! Il avait sept ans de plus, et quand il a finit ses études et qu’il avait navigué un peu, il m’a dit : «Je vais faire des études beaucoup plus hautes. » Alors il a fait les études d’officier mécanicien à Nantes. Mais le problème qui s’est posé à Nantes, c’est que je suis partie mais je ne connaissais personne ! J’ai trouvé un petit meublé et puis mon mari revenait de temps en temps, mais là bas je n’étais pas bien, je me sentais pas bien, parce que je ne connaissais personne et puis comme vous êtes jeune... J’ai eu mon bébé à 19 ans, vous voyez, j’allais avoir 20 ans.  Donc j’avais mon bébé à ce moment-là ! Mais je veux dire que j’avais l’impression quand il repartait, d’être veuve.

J’ai accouché dans une école de sages-femmes parce qu’on ne payait pas, alors fallait souffrir pour qu’il voit le travail, c’était un petit peu inhumain autrefois. Quand j’ai accouché, à Nantes, on était dans une chambre commune, elles avaient déjà toute leur bébé, moi je n’en avais pas, j’avais juste mon gros ventre.

 Quand mon mari faisait l’Algérie, on était jeune marié, il était pinardier, il faisait venir le vin d’Algérie, qu’on coupait avec le vin de Bordeaux, donc il allait à Bordeaux, à Lorient…

A bord, il y  avait plusieurs catégories de gens ; vous aviez les matelots, les petits, les mécaniciens,  et après vous aviez les troisièmes. Y avait trois échelons à ce moment-là. Et alors nous les femmes de mécaniciens, on avait le droit de naviguer en France. Mais pas les femmes de matelots. Le commandant, lui, voulait bien qu’il y ait des femmes de matelots, alors il les cachait quand on arrivait dans un port, dans les chambres froides qui ne fonctionnaient pas. Mais un jour il y a quelqu’un qui en a fait fonctionner une. Et bien heureusement qu’on est arrivé dans ces chambres froides, parce qu’elles étaient déjà toute frigorifiées ! C’est un souvenir qui m’est resté çà ! Y a des anecdotes comme ça qui sont très dures.

Ce que je voulais vous dire qui était primordial c’était surtout que l’argent n’était pas tout, vous voyez ! Moi je gagnais beaucoup d’argent mais il ne me servait à rien en fin de compte.

Mais quand je lui ai demandé d’arrêter, il n’a pas hésité non plus. On gagnait beaucoup moins mais c’était une gestion, on ne pouvait pas dépenser plus qu’on gagne !

C’était ça, être femme de marin ! C’est toute une vie !

Quand mon fils est là, il me dit : « Mais maman t’es jamais heureuse ! » Je lui dis : « Mais si, je suis heureuse ! » Mais quand mon mari a fait une dépression où je l’ai porté pendant deux ans récemment, je me dis « faire tous ces sacrifices là pour les voir malheureux maintenant, je me demande ce qu’est la fin de vie d’une femme de marin » ?

La vie d’une femme de marin c’est qu’elle garde tout et quand on voit tous ces marins qui étaient heureux de vivre, je me demande combien de femmes de marin ont vécu çà.  Elles souffrent en fin de compte ! Mais on ne parle pas d’elles, vous voyez !

 

 

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Récit

Après mon premier embarquement sur le Ca m’plait, j’avais retrouvé mon ami Henri Jacob qui, lui aussi, était à terre. C’est lui qui nous a trouvé un embarquement sur l’Antinéa. C’était un bateau très ancien, il n’y avait pas de batteries électriques. Il...

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