Fiche du témoin
Henri Teillet
Henri Teillet est le donateur du Manuel-Joël, chalutier classique en bois de la flotte patrimoniale du Musée Maritime de La Rochelle. Il est très attaché à ce bateau qui a été construit par son père et sur lequel, de mousse à patron, il aura pratiquement vécu à bord toute sa carrière de marin. Comme, elle le faisait quand il s’agissait d’aller le conduire pour le départ d’une marée, ou pour s’occuper des comptes, Françoise Teillet est aux côtés d’Henri pour évoquer ensemble leurs vies dédiés à ce joli et robuste bateau.
Navires
- Les Bretons, c’était marche ou crève !
- Armateur et patron
- Françoise Teillet, femme du patron du Manuel-Joël
- La nostalgie des anciens
- La rencontre de Joël Chauvet et d’Henri Teillet ou le sauvetage du Galatée
- Le Manuel-Joël : Un chalutier classique en bois - par Yves Gaubert
- Le Manuel-Joël et moi, c’est une longue histoire…
- Le Manuel-Joël sauve l’équipage du Galatée
- Mousse à 14 ans, patron à 23 ans !
- Quand le chalut du Manuel-Joël ne ramenait pas que des poissons…
Armateur et patron
Je suis issu d’une famille de bord de côte. J’aime, j’adore la mer, quand on fait un métier, il faut l’aimer ou on ne le fait pas du tout, c’est mon point de vue. Mais il fallait de la ténacité pour être propriétaire de son bateau et patron. Pour un marin, c’était différent : il faisait son travail à bord et quand il rentrait au port, il déglaçait et c’était terminé. Une fois chez lui, s’il avait 48 heures il les passait tranquille. Pour moi, c’était différent ! Par exemple, on embauchait à 1h le matin pour déglacer, à midi, les gars débauchaient. Ca leur faisait déjà une bonne journée mais pour moi …ça ne faisait que commencer. A midi et demi ou une heure, j’allais voir le mareyeur pour me bagarrer pour les prix. Les marins étaient rémunérés à la part, et la part dépendait de la vente. Pour les comptes, Madame était de contribution. Après, s’il y avait des travaux, il fallait que j’aille voir le forgeron, ou l’électricien, tous les corps de métier. Et le lendemain, il y avait toujours du boulot à faire ! A bord, le mercredi matin, c’était encore autre chose, il fallait faire le plein de gasoil, de glace et en route ! rebelote ! Elle est là (Henri montre son épouse, Françoise) pour le dire : il y avait des moments où elle me disait « tu t’endors ». Ce qui m’endormait le plus c’était le calme et chez moi, c’était très calme. Alors qu’à bord, il y avait toujours le bruit du moteur, on avait trois cent chevaux et si ce n’était pas pour le treuil qu’il tournait, c’était pas pour la lumière ou pour la traction du chalut. A la traction, il était à 80 ou 90% de sa charge …Alors, croyez moi, les décibels ça y allait!