Fiche du témoin

Henri Teillet

Henri Teillet est le donateur du Manuel-Joël, chalutier classique en bois de la flotte patrimoniale du Musée Maritime de La Rochelle. Il est très attaché à ce bateau qui a été construit par son père et sur lequel, de mousse à patron, il aura pratiquement vécu à bord toute sa carrière de marin. Comme, elle le faisait quand il s’agissait d’aller le conduire pour le départ d’une marée, ou pour s’occuper des comptes, Françoise Teillet est aux côtés d’Henri pour évoquer ensemble leurs vies dédiés à ce joli et robuste bateau.

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Françoise Teillet, femme du patron du Manuel-Joël

Entretien avec Yves Gaubert

 

Françoise Teillet est femme de marin. Parisienne installée à La Rochelle en 1972, elle a rencontré Henri Teillet, le patron du Manuel-Joël en 1973.

 « Je suis femme de marin. Mon beau-père Camille Teillet a construit le Manuel-Joël. Mon mari, Henri, a débuté sur le Manuel-Joël comme mousse et il a racheté ce chalutier en 1969. Je ne suis pas du tout issue du milieu de la pêche. Je suis Parisienne, mon père travaillait à la SNCF. J’avais un ami qui s’est installé à La Rochelle, je suis allé le voir, la ville m’a plus et j’y suis resté. J’ai rencontré Henri en 1973 et nous nous sommes mariés en 1979. Il était marin pêcheur depuis 1955. Il faisait des marées entre 10 et 12 jours et à la fin il ne faisait que la semaine. Le bateau commençait à vieillir sérieusement.

J’attendais mon mari, mais j’avais énormément de travail. Je m’occupais du bateau, des fournisseurs, des pannes, de la marine, tout. Je m’occupais de toute la paperasse à terre et quand ils étaient en panne au Verdon, à Port Bloc, il fallait aller les chercher en voiture et les ramener le lendemain. J’étais obligée de rester disponible 24 heures sur 24. Il fallait toujours être là. Je participais activement à l’activité de l’armement. mais sans statut social, bénévolement. Pourtant, c’était un travail à plein temps. Maintenant il existe le statut de conjoint collaborateur.

J’avais déjà un grand enfant et on en a adopté un autre en 1990 qui a 28 ans maintenant. Ces deux enfants ont 20 ans d’écart.

Pour être femme de marin, il faut épouser la mer, le bateau, Quand ils annoncent du mauvais temps on se tient plus à la radio, on écoute les conversations à la BLU et on peut savoir ce qui se passe. Je n’ai pas eu vraiment d’inquiétude, car je connaissais mon mari et le bateau. J’avais une confiance absolue.

La pêche commençait à péricliter avec le choc pétrolier de 73,ça a duré jusque dans les années 80. En 79, il a fallu changer le moteur. Sur la fin on a eu beaucoup de difficultés, Il était grand temps que le plan Mellick arrive. C’était en décembre 91, quand le bateau est parti au musée. La dernière marée avec Monsieur Mardon et FR3, ils ont ramassé beaucoup de cailloux et de crépidules.

Je n’ai pas le pied marin. J’ai fait Port Bloc Royan, mais en général je suis malade, il ne faut pas que je regarde, je suis plutôt métro. Quand je débarque à la gare à Paris, aussitôt je cours, on arrive à la gare, hop je suis repartie.

Mon mari a pris sa retraite en 1993. J’ai recommencé à travailler dès 90, j’ai fait des ménages dans une entreprise. Cela a facilité les fins de mois, maintenant on fait le jardin ou on vient au musée.

Nos horaires ne sont plus les mêmes, quand mon mari s’est arrêté, au début, il mangeait à 11 h du soir, il se levait à 4 h du matin.

La restauration du Manuel Joël, ça a pris beaucoup de temps. J’ai râlé beaucoup, mais il va être beau. C’est un hommage à mon beau-père qui a travaillé toute sa vie pour mourir à l’âge de la retraite. Un homme formidable si on voit tous les bateaux qu’il a fait, chantier rochelais, bateaux rochelais. Mon mari aussi a travaillé à La Rochelle, Le Manuel-Joël est devenu monument historique, on en est très fier. Je me bats bec et ongles pour ce bateau. C’est un bien familial, il fait partie de notre vie. »

 

Ville de la Rochelle Musée DRAC Poitou Charentes FAR Ami du musée