Fiche du témoin

Patrice Souchay

A 15 ans, en juin 68, Patrice Souchay obtient son certificat d’apprentissage maritime pêche. Le 17 juillet, il embarque comme mousse sur le Vega, un chalutier classique. Un grave accident à bord du Wi’s-Ja-Ri pendant une marée à la langoustine à Porcupine dans l’ouest-Irlande l’immobilisera pendant 18 mois. Il aime à évoquer les chalutiers rochelais sur lesquels il a embarqué :  les classiques comme le Fomalhaut, le Dadas, les pêche arrière comme l’Angoumois, le Boomerang III, le Péoria

 

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Patrice Souchay : marin pêcheur à La Rochelle

 

J’ai embarqué pour ma première marée en 1968, à quinze ans et demi, après neuf mois à l’école maritime à Port Neuf. J’ai obtenu le CAM qui m’a permis d’embarquer comme mousse sur l’Amadis, un J3 de 32 mètres, chalutier à pêche latérale de l’armement Lebon. Cette première marée a duré quinze jours.

Je suis resté dans les armements industriels : Dahl, Simon Gaury, Horassius, la Sarma, puis la pêche côtière, sur le Gilles Alida. Je suis devenu matelot à 17,5 ans, chez Simon Gaury, sur le Dadas. Je suis retourné à l’école en 1977 pour passer le capacitaire. Cela a fait une remise à niveau. J’ai fait aussi mécanicien puisque j’ai obtenu le 150 chevaux.

J’ai eu un accident en 1988 sur le Wisjari, le tibia et le péroné broyés, à Porcupine. On a pêché un bloc de granit. Il est venu me frapper et m’écraser sur le portique. J’ai été hélitreuillé, par mauvais temps, deux heures et demi d’hélico. On était ouest suroît de l’Irlande. Je suis resté une semaine là-bas puis j’ai été rapatrié à Paris par avion sanitaire puis à l’hôpital de La Rochelle où j’ai été opéré. Je suis resté un an et demi sans travailler. J’étais pensionné, mais j’ai re-navigué quand même. Je suis reparti à la pêche, sur le Boomerang III, avec Dominique Roget comme patron.

Mon meilleur souvenir, c’est la naissance de notre fille que j’ai appris par téléphone. J’étais sur le Kresala, armement Auger. Mon plus mauvais souvenir, c’est l’accident. Le plus mauvais temps, ça a été sur le Wisjari, en sortant de Douarnenez,

A l’époque, il y avait quelque fois des marées néfastes, mais dans l’ensemble, on gagnait bien. J’ai eu ma retraite à 50 ans. Après, j’ai travaillé dans le poisson, chez un mareyeur, Bernard Rivasseau, pendant huit à neuf ans. J’ai passé à 44 ans, un CAP de poissonnier. Quand on est pêcheur, on connaît le poisson, mais pas les filets. J’ai appris à faire du filetage rapide.

Sur le Kresala, en décembre 1983, avec Claude Tanter, on a fait une marée exceptionnelle, on est tombé sur de la dorade, au large des îles Blaskets, dans le canal Saint Georges. On a fait 14 tonnes de dorades. M. Auger, l’armateur, a obtenu un contrat avec l’Espagne. La dorade s’est très bien vendue. le record des ventes à La Rochelle. Après cette pêche, on a refait une marée, juste avant Noël, on est tombé sur du cabillaud, on est allé vendre à Douarnenez. Ces deux ventes réunies nous ont fait une superbe paie. Et j’étais en remplacement. Il y en a qui l’ont eu amer. On avait fait plus de 100 millions (anciens francs) avec la dorade.

Ville de la Rochelle Musée DRAC Poitou Charentes FAR Ami du musée