Fiche du témoin

Jean Sertillanges

Jean Sertillanges était mécanicien à bord des frègates météorologiques. Il n’oubliera jamais  la mémorable tempête qu’il a vécu au  large du point A, « Il y avait des creux de 22m et du vent !! L'anémomètre était bloqué à plus de 200 km/h, c'était les heures les plus terribles de ma navigation ». Mais il a aussi de très bons souvenirs de sa vie à bord des frégates comme la pêche au thon et surtout la solidarité entre les hommes.

Navires

Version imprimable

Les débuts sur la frégate Leverrier

J'avais fait ma demande à la société navale Delmas. A l'époque, je travaillais au
chantier naval comme ajusteur vu que j'ai le CAP qui correspond. Et un soir, le chef
mécanicien qui s'appelait monsieur Chassaud, est venu me demander : « C'est bien
vous monsieur Sertillanges, qui avez fait votre demande pour naviguer ? » J'ai dit
oui. « Et bien présentez-vous demain matin à bord du Leverrier». C'est ce que j'ai
fait. J'ai été reçu par le commandant Marchand avec qui j'ai fait affaire, et j'ai
embarqué dès le lendemain sur le Leverrier. C'était le 1er juin 1954. On partait pour
4 semaines en mer.
Je pense qu'on devient marin par volonté. Au début ce n'est pas marrant et le mal de
mer vous gagne, plus ou moins selon votre tempérament, votre comportement, votre
organisme. Et c'est plus fort que vous. Il faut avoir de la volonté. Moi, je remercie le
premier chef mécanicien, monsieur Chassaud, malheureusement défunt, qui m'a
sauvé du mal de mer en m'obligeant à manger du pain sec. A l'époque, les tuyaux
qui conduisaient au sifflet menant à la passerelle étaient enroulés d'amiante. Et vu
que je débutais comme nettoyeur, il m'a fait travailler sur ces tuyaux là. A force d'être
dehors au grand air avec mon bout de pain dans ma poche, mon organisme s'est
habitué.
Sur les bateaux, j'ai commencé comme tout le monde par le bas de l'échelle. J'ai
donc commencé comme nettoyeur à l'atelier, c'est à dire que je nettoyais les vannes,
les soupapes, tout ce qui faisait parti des machines. Petit à petit, le chef mécanicien
a vu mes compétences. Il m'a envoyé faire des essais à la machine. Je me suis
habitué et petit à petit, au fil des années, j'ai gravis les échelons, tout en restant à la
machine.
C'était des machines qui fonctionnaient au mazout. Il y avait des chauffeurs en bas
qui faisaient marcher les chaudières… Les conduits de mazout faisaient marcher les
bielles. Il y avait un volant pour mettre en route ou stopper les bielles suivant les
commandements de la machine au chadburn. C'est l'appareil qui est tout en métal
jaune avec une poignée, où il y a écrit « stop », « marche avant », « arrière ». Et
suivant les commandements au volant, on exécutait les ordres de la passerelle.

Ville de la Rochelle Musée DRAC Poitou Charentes FAR Ami du musée