Fiche du témoin
Jean-Claude Lucas
Jean-Claude Lucas souhaitait depuis toujours être médecin de Marine. Il est recruté à l’hôpital des armées de Rochefort où il faisait son service en 1969 comme médecin aspirant pour embarquer à bord du France 2. Sa photo en grand uniforme est affichée dans le local explicatif attenant à l'Infirmerie du France 1.
2 - Activité à bord
C’était la première fois que je naviguais sur un tel navire et pour aussi longtemps puisque la mission était à peu prés de 40 jours. Mais 40 jours dans des mers dantesques qui me faisaient songer au récit de Pierre Loti dans « Pêcheur d’Islande ». C’était pour moi très impressionnant. Je me sentais « prisonnier » mais avais pour mission d’intervenir en cas de blessures ou maladies, que ce soit à bord du bateau ou de navires de pêche dans la région. Je ne sais si j’ai eu de la chance ou pas, mais je n’ai pas eu d’interventions en 40 jours ! Tout au plus et j’irai dire, comme un clin d’œil, un des marins s’était dévoué pour se faire une petite plaie du front, histoire de me distraire. J’ai eu juste l’occasion donc de faire trois points. Pour cette seule petite intervention, je devais être sanglé à la table d’opération pour ne pas être gêné par le roulis ; le blessé était, lui, sur la table et se tenait lui-même pour ne pas rouler. D’autres aspirants m’ont raconté des histoires d’interventions avec mise de la chaloupe à la mer, par ces tempêtes, pour être hissé sur un navire de pêche. Mais est ce vraiment une chance pour moi de n’avoir eu ce genre d’intervention ? J’aurais pu, dans ce domaine, avoir quelque chose de pathétique à raconter.