Fiche du témoin

Jean-Paul Léger

Jean-Paul léger était officier radio.  Dans sa carrière il a eu plusieurs fois l’occasion de contacter les frégates France 1 et France 2. il a consacré un livre à un métier aujourd’hui disparu : « Au gré des ondes, par delà les océans ». Chaque fois qu’il aperçoit la frégate météorologique, il avoue ressentir un petit pincement au cœur.

Au gré des ondes – Ed. La Découvrance – Juin 2009

Il était une fois des marins - Ed. La Découvrance - Mai 2012

 

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Jean-Paul Léger, officier radio

 

Je m’appelle Jean-Paul Léger, j’étais officier radio de 1967 à 1978 sur différentes lignes, la Transat, la Compagnie nantaise de navigation, la SFTP (les pétroliers), la Sofrana Lines, les navires de recherches océanographiques pour l’Orstom.

Je suis né à l’île d’Yeu. J’ai fait ma formation au Pléneuf Val André, où j’ai passé le certificat de radio. Je suis parti naviguer et j’ai repris mes études à l’école de la Marine marchande de Nantes. En 1978, je suis devenu officier du corps technique des affaires maritimes. Je me suis occupé du développement du sauvetage en mer. J’ai terminé aux affaires maritimes à Bordeaux en 2006.

Mon premier embarquement, à 17 ans, comme élève radio, c’est à bord du Maryland, un cargo de la Transat. On allait sur Lisbonne. On faisait Panama et le Pacifique Nord. C’est mon meilleur souvenir de navigation, j’étais comme Christophe Colomb à la découverte du monde. La majorité du trafic passait en morse. On avait de très bonnes liaisons parfois, mais c’était toujours aléatoire.

Quand j’ai terminé sur un bateau de recherche océanographique, on avait du matériel pour la radionavigation, les premiers systèmes de navigation et transmission par satellite. Et on utilisait toujours le morse, le moyen de transmission le plus fiable. Le radio s’occupait aussi de l’entretien, du dépannage des appareils de radionavigation, radars, sondeurs, sonars. Je me suis retrouvé dans le Pas de Calais, dans la brume, radar en panne à grimper au mât pour réparer le moteur de l’aérien de l’antenne.

Sur une longue traversée, les communications étaient quotidiennes. Un radio faisait huit heures de quart par jour. En dehors de son quart, il mettait en place une autoalarme, parce que sa fonction principale c’est d’assurer la sécurité du navire. Si un navire en détresse envoyait son signal automatique, une sonnerie se mettait en branle dans la passerelle et la cabine du radio.

Sur le plan commercial, on écoutait les listes d’appel des stations radio marine, Saint-Lys Radio, mais aussi les stations radio maritimes des pays destinataires. Il y avait des échanges très fréquents entre l’armateur, les consignataires et les intervenants pour la cargaison. Et il fallait faire une veille très attentive parce que sur les navires au tramping, on pouvait nous dérouter n’importe quand. Une fois, on remontait sur la Sardaigne et avant d’arriver à Gibraltar, on reçoit un message, « vous partez sur le Brésil ».

J’ai fait mon service national avec Paul-Emile Victor, dans l’Antarctique. Au retour, j’ai trouvé un embarquement sur un petit bateau entre la Nouvelle Calédonie, les îles Fidji, Wallis et Futuna. Et j’ai embarqué sur un navire de la société mauricienne de navigation qui faisait le transport de marchandises entre l’Afrique du Sud, Madagascar, l’île Maurice et la Réunion. C’est là où j’ai rencontré mon épouse.

Mon plus mauvais souvenir, c’est la traversée de l’Atlantique Nord en hiver sur un minéralier qui partait à vide d’Europe. Un navire de 10 000 tonnes à vide monte à la lame par sauts, quand il arrive en haut, il redescend. Avec des creux de 10 à 15 mètres, c’est impressionnant. L’hélice sort de l’eau et fait un boucan terrible, les vibrations parcourent tout le navire. J’ai fait un récit de mes navigations: « Au gré des ondes, par delà les océans », édité à La Découvrance.

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