Fiche du témoin

Raymond Héligon

Raymond Héligon est né en 1944 à la Turballe, port de pêche breton. Mousse sur un sardinier, il a très vite voulu passer des examens. C’est ainsi qu’il a terminé sa carrière à la Pallice comme capitaine du remorqueur Saint-Gilles.

Navires

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Capitaine de remorqueur, ça s’apprend pas dans les livres !

On ne peut pas dire que j’avais la vocation ! Enfant, à La Turballe en Bretagne, tous mes copains jouaient dans les canotes et savaient godiller, moi non. Mon père et mon oncle avaient été portés disparus en mer. Alors, peut-être est-ce que ma mère me couvait un peu et qu’elle m’avait transmis son appréhension. Moi, j’aurais préféré faire quelque chose de manuel. Malgré tout…j’ai commencé ma carrière comme mousse à l’âge de 16 ans. La Turballe était un port sardinier. L’été, ils avaient besoin de monde pour la pêche à la bolinche. J’ai fait deux étés, en 1960 et 1961, pendant mes vacances scolaires. Je suis ensuite allé dans une école maritime faire un Certificat de Formation Nautique, et je suis parti naviguer sur les pétroliers comme novice. Devenu matelot léger, je n’avais pas l’intention de naviguer toute ma vie sur les pétroliers. Je voulais rester au portuaire. Par l’intermédiaire d’un cousin qui naviguait au remorquage, j’ai demandé s’il y avait de la place à Saint Nazaire. J’ai fait ma candidature. Après mon service militaire, trois postes ont été créés pour faire des remplacements. J’ai donc été embauché en 1966. Peu de temps après, un remorqueur a été désarmé à St Nazaire, le port avait chuté un petit peu en tonnage, et donc un équipage a été supprimé. J’en faisais partie. Heureusement, j’ai pu partir à Bordeaux avec tout l’équipage car un nouveau remorqueur avait été mis en place. J’y suis resté deux ans avant de revenir à Saint Nazaire lorsque le port a repris en croissance. Je n’avais pas envie de rester matelot toute ma vie et j’ai décidé de passer des petits brevets jusqu’à l’examen de capacité. J’ai fait ensuite les cours par correspondance pour tenter le « chef de quart ». Je me suis présenté au concours d’entrée à Paimpol et j’ai été reçu. Il fallait naviguer 48 mois pour avoir le brevet de lieutenant. J’ai donc commencé par naviguer sur des pétroliers comme lieutenant en Algérie. On envoyait là-bas ceux qui n’avaient pas l’habitude parce que la navigation était assez facile. On partait 5 à 6 mois. Quand vous avez une famille, c’est assez dur. C’est pour ça qu’ensuite j’ai fait le cours pour pouvoir accéder au remorquage comme capitaine.  Au moment où j’ai été reçu, il y avait une place à prendre à St Nazaire mais un capitaine de La Pallice a pris cette place. Il avait l’ancienneté… Moi, je suis venu le remplacer à La Pallice. Les places étaient chères, pour entrer au remorquage il fallait soit du piston soit tomber au bon moment. J’y suis resté jusqu’en 1995, date à laquelle j’ai été déclaré inapte à la navigation pour raison médicale. Capitaine de remorqueur, c’est un métier qui s’apprend sur le tas, ça ne s’apprend pas dans les livres.

 

 

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