Fiche du témoin

Christian Contant

Christian Contant issu d’une famille de marins pêcheurs est né à Uzeste mais a passé sa carrière de marin à La Rochelle. Il a terminé comme lieutenant de pêche puis a travaillé à l’agence Delmas à La Pallice.

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Christian Contant, marin pêcheur à La Rochelle

Un texte de Yves Gaubert

Christian Contant issu d’une famille de marins pêcheurs est né à Uzeste mais a passé sa carrière de marin à La Rochelle. Il a terminé comme lieutenant de pêche puis a travaillé à l’agence Delmas à La Pallice.

 « J’ai été baptisé à l’église avec une queue de morue, c’est pour ça que j’ai toujours soif. Mon père naviguait aux Messageries maritimes. Mon oncle est tonton Charleston. Il était sur les chalutiers, c’est le frère de ma mère. J’ai même navigué avec mon grand-père, il avait 70 ans.

J’ai fait l’EAM en 67. Mon premier bateau a été L’Equipe avec Julien Guillas. J’avais 15 ans. J’avais déjà été en mer avec mon oncle largement avant sur le Chassiron avec Jos Kamenen. La première marée, j’ai été malade comme un chien. C’était un J 3 de l’armement Horassius, qui était installé dans le même bureau que Monsieur Auger. Le capitaine d’armement ,c’était un monsieur qui boitait, La Patte. Après je suis allé à Terre Neuve avec un armement de Bordeaux, Huré. Je suis resté 3 ans là-bas. J’aurais du partir directement à Terre Neuve parce que les armements bordelais recrutaient dès le mois de mai à l’EAM.

Je suis revenu à La Rochelle et j’ai embarqué sur le Clapotis (Horassius), puis chez Frédérique, j’ai fait le Roussillon, le Bigorre, le Touraine.

En 73, j’ai passé mon lieutenant de pêche puis je suis parti à l’armé en 74. A mon retour, Frédérique était parti avec la caisse, je suis allé chez un armement de Concarneau qui avait repris les bateaux, sur le Terequi. C’était des J 3, ils faisaient dans les 34 mètres. J’ai eu des embarquements de matelot puis de lieutenant. J’ai fait le Saint Blaise, le Koros, le Yves du Manoir

J’ai été mécanicien sur l’Antioche 4. J’ai terminé en 1980 à bord du Fomalhaut chez Auger. On s’est révolté à bord, plus personne ne voulait monter sur le pont. Je suis monté à la passerelle, je l’ai dit à Yves Joncour. Il y avait que des ivrognes à bord, il fallait travailler toute la nuit dans la casse à Bishop. Il a piqué une crise : on rentre à La Rochelle. On gagnait plus un rond sur ces bateaux, on était 12 bonshommes à bord.

J’avais été à l’agence de l’emploi pour faire un stage. J’ai débarqué fin juillet, ma fille est né le 6 août 1980. Pour moi la pêche c’était fini, J’avais trois enfants, J’avais fait les petits bateaux mais ça ne me plaisait pas. J’ai eu les jetons à attraper des espèces de branlées ! Les pêche arrière ça n’existait pas encore à la pêche artisanale. Le premier a été le Lui,

J’ai fait un stage de soudeur de 8 mois, J’ai fait des essais deux mois au chantier naval puis chez Delmas. Chez eux, j’ai été embauché tout de suite. J’ai fait 30 ans chez Delmas en tant que personnel sédentaire à La Pallice. Je faisais tout le matériel, les élingues pour décharger les bois, comme gréeur.

On est passé chez SDV en 2008. Je suis parti avec la carotte. Je suis au chômage, mais à la retraite bientôt.

Depuis l’abolition du port autonome, Cogemar aurait dû fusionner avec Fast. Il y avait un doublon entre les deux. A Cogemar on est 40 et chez Fast ils sont 25. On est une dizaine de plus de 58 ans à être parti, en 2010.

Mon plus mauvais souvenir à la pêche, c’est quand on a failli se perdre à bord du Bigorre en 72 dans la tempête, la nuit du 12 au 13 février. Le soir en mettant en pêche, ça fraîchissait, mais le patron a dit : « colle dehors ».

Vers minuit il avait beau mettre de la barre à contre le bateau ne répondait pas, Il est parti en travers, les funes sous la coque. On a viré et quand le chalut est arrivé, il s’est pris dans l’hélice. Quand ça a bloqué, le réducteur a cramé, ça a fait de la fumée, le moteur s’est arrêté. On a eu chaud. On s’est ramassé deux ou trois pions et on s‘est retrouvé à 45° de gîte. On a commencé à sortir le Bombard, mais le bateau s’est redressé.

C’était la furie, on était au large dans le golfe. On n’avait plus de lumière, plus de moteur, le train de pêche servait d’ancre flottante. Le lendemain matin, il faisait beau. Le Touraine est venu nous remorquer. On s’est mis sur le grill dans le vieux port. A marée basse les funes et le chalut étaient dans la vase à partir des deux tours. Ils ont fait venir une grue pour tout sortir. Il y avait un attroupement sur le port et devant le Rupella.

J’étais matelot sur ce bateau-là. Il paraît qu’ils m’avaient attaché. J’étais au treuil, ils avaient peur que je tombe à l’eau. Le chien montait et descendait impossible de le larguer…

Je vais toujours en mer deux fois par semaine avec mes cousins sur un chalutier de 13 mètres. »

 

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