La grève des marins-pêcheurs. Novembre 1963 à La Rochelle

 En mars 1963, après 10 jours de grève, un protocole d’accord avait été signé entre armateurs et marins, donnant aux chalutiers naviguant « à la part » : 6 heures de repos et 21 jours de congés annuels (non payés) avec validation de la pension et des allocations. L’armement acceptait «d’étudier favorablement une participation à une caisse de compensation» destinée à rémunérer ces jours de congé. En août, voyant que cette caisse ne se constituait pas, les marins ont déclenché une grève sous forme de 48 heures de retard pour chaque départ de bateaux, et cela pendant un temps illimité. Vers le 20 octobre, l’armement ayant dit qu’ils ne discuteraient pas tant que les marins seraient en grève, le mouvement de grève a été suspendu jusqu’au 15 novembre, date limite demandée par les marins pour un accord. Le 16 novembre, n’ayant pas de réponse des armements, les marins décident d’entamer une grève de 24 heures de retard pour chaque départ de bateau. Certains armateurs ont alors déposé les rôles, débarquant ainsi les équipages. Les marins ont alors décidé de répéter cette grève de 24 heures chaque jour jusqu’à ce que les équipages débarqués soient rembarqués. Cette grève avait été lancé par les équipages des bateaux en fer de La Rochelle (70 bateaux, 840 marins).

L’objet des revendications

Les armateurs avaient accepté le principe d’une prime de congé pour 22 jours par an, prime allant de 25 Fr à 14 Fr par jour suivant les fonctions à bord et dont l’armement ne paierait que les 2/3 ( les chalutiers naviguant à 65% pour l’armement, 35% pour l’équipage). Mais par contre, les armateurs voudraient, au lieu des 6 heures de repos par jour de mer, 72 h pour les marées de 8 à 15 jours, 48 h pour les marées de moins de 8 jours. Les marins ne veulent pas accepter ces propositions qui diminuent sensiblement leur repos à terre entre chaque marée, marées comptant normalement 14 ou 15 jours de mer. Ils ne veulent pas revenir sur ce qui avait été acquis au mois de mars. D’autres détails restent encore litigieux, mais restent secondaires.

 Un problème de fond : le statut des navigants à la part

Les armateurs considéraient que  les marins naviguant à la part étaient -d'une certaine manière- des associés de l’armement puisqu'ils participaient aux bénéfices …Les marins, eux, se considéraient plutôt comme des salariés payés au rendement ! De toute façon, on reconnait aux marins la qualité de salariés en ce qui concerne les allocations familiales, l’affiliation à l’ASSEDIC et le salaire forfaitaire qui sert de base à leur classification à la marine. On sent que le code du travail maritime n’est plus adapté à la navigation à la part pour la pêche industrielle, il y faudrait de sérieuses réformes… Ce qui valait pour la navigation à la voile ne vaut évidemment plus aujourd’hui. Au cours du conflit, il a été tenté de résoudre le problème des congés payés sur le plan national, mais un alinéa de l’article 92 du code du travail maritime précise que les bateaux à la part n’ont pas le droit aux congés payés…La marine marchande semble prête à modifier cet article quand les parties en présence se seront mises d’accord.

Il semble qu’il serait bon de préciser le repos légal auquel les marins ont droit chaque année, comme tout salarié :

- soit entre chaque marée

- soit en congés payés

Le total de ces repos et congés devraient être égal à la somme des congés annuels, repos hebdomadaires, jours fériés, dont bénéficient les salariés de terre.

 

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