Gilbert Labrusse : mécanicien sur les bacs

Je suis originaire de Châtelaillon et j’étais mécanicien sur les bacs. J’ai commencé à 16 ans dans l’ostréiculture, en septembre 1956. Mon père et mon grand-père étaient ostréiculteurs à Châtelaillon. Ils ont eu deux bateaux, le premier, Capricieuse, qui naviguait à la voile (le bateau de mon grand-père) et le deuxième, L’Aube, c’était un petit chalutier.

Mon grand-père a fait 11 ans de service militaire, la campagne de Chine et la guerre de 14-18. En 1973, l’ostréiculture a commencé à battre de l’aile. Comme ma femme ne pouvait pas faire le métier avec moi, j’ai abandonné et j’ai embarqué sur les bacs de l’île de Ré. J’ai fait trois ans de saisons et en 1976, j’ai été embauché définitivement, jusqu’en 1988. A la fin des bacs, on a tourné un film, « Les femmes, les maris et les amants », et après le bateau s’est mis le long du quai.

J’ai été matelot, et après graisseur et après assistant officier machine. Un inspecteur mécanicien de La Rochelle nous a fait passer un test oral. Le travail, c’était dix heures par jour. Le chef faisait son quart de deux heures, le deuxième faisait son quart de deux heures. On était obligé d’être dans la machine. En été, les bacs s’arrêtaient juste pour faire les vidanges et ça repartait.

J’ai fait tous les bateaux, mais j’étais plutôt sur le Saintongeais en dernier. J’ai récupéré un journal passerelle et sur celui-là il y a eu une naissance à bord et un décès. Le capitaine a fait un certificat de naissance comme quoi l’enfant était né à bord.

Au début on travaillait avec les panneaux latéraux, et en dernier les bateaux amphidromes. Des collègues avaient monté un dossier pour garder le Saintongeais et en faire un restaurant. Mais au conseil général, ils n’ont pas voulu. Les bacs ont été vendus aux Italiens et après en Afrique.

Le travail à la machine consistait à surveiller et à réparer quand il y avait une panne. Il y avait trois Poyaud de 500 chevaux, plus les groupes électrogènes. Il y avait 2 000 chevaux à bord. L’entretien se faisait l’hiver. On démontait les moteurs. Mon chef c’était Busquet et mon dernier chef, il vient de mourir, c’était Ozou.

A la fin des bacs, je suis resté un an au service d’exploitation des ponts. Puis je suis allé sur les bacs de Gironde et sur le bac de Blaye-Lamarque, l’ancienne Duchesse Anne. Et j’ai fini ma carrière là-bas. A 54 ans, j’avais fini, je suis rentré à la maison.

J’étais délégué du personnel avec Pierrot Martineau. J’étais à la CGT. Mais on avait de très bons patrons, M. Cadet, M. Boulard, le service public. On a connu du monde, des artistes, des politiques, tout le monde passait par le bac. On passait qu’il y ait ou non du mauvais temps. Philippe Joussemet était un jeune capitaine à l’époque. Il faisait pont et machine. Philippe Courcaud était machine.

Quand je suis rentré en 1973, je n’avais pas fini de payer ma maison et je ne joignais par les deux bouts. Alors, il fallait y aller.

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